Que peut apporter l’arrestation de Soro au moment où le pays s’est engagé sur plusieurs projets?

Qu’est-ce que l’arrestation de Soro peut-elle apporter à la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, lancée sur plusieurs projets de grande envergure dont la CAN? Les ivoiriens se sont levés avec un communiqué le vendredi 2 novembre 2023, d’une éventuelle arrestation de Soro Guillaume en Turquie et les commentaires vont bon train, l’homme serait-il à la recherche de buzz ou met-il la charrue devant les bœufs?

Ou c’est le gouvernement qui veut mélanger l’atmosphère déjà trop délétère, fragile, suspecte et inquiétante? Si tel est le projet, nous disons que ce n’est pas le moment, surtout que les ivoiriens avaient tendance à oublier le cas Soro et faire revenir son arrestation comme un cadeau de fin d’année aux ivoiriens, c’est un poison.

Dans un communiqué du directeur de la communication de Soro Guillaume, Moussa Touré annonce une tentative d’arrestation de l’ancien président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire, en exil en Turquie. Selon des informations concordantes, une escouade de policiers ivoiriens dirigée par une procureure serait dans la capitale de Turquie pour commettre l’acte et la toile s’en est faite échos, alertant sur d’éventuelles ripostes qui devraient provenir du nord.

Tout est de mauvais goût, que cette idée vienne du camp de Soro comme celui du gouvernement. Si le pouvoir veut comparer le cas de Gbagbo lorsqu’il avait été arrêté en 2010 et que son groupe ethnique, les bétés n’avaient rien fait ou dit, c’est parce qu’à cette époque, les armes crépitaient et l’insécurité régnait dans la capitale. Tous les ivoiriens devraient se protéger la tête avant d’aller au secours de quelqu’un mais les époques ne sont pas les mêmes et pareil pour les personnages.

Quoi qu’on dise, Soro est un fils du nord où il y a encore des adeptes, des supporters, autant dans la grande muette que chez les civils. La preuve, tous les imams regroupés au sein du COSIM de Ferké, une organisation des imams de Côte d’Ivoire, ne jurent que pour que la paix soit effective, il faut réconcilier le père et le fils, c’est-à-dire Soro et Ouattara. C’est un grand vœu chez les parents du nord. Que Soro soit chrétien ou musulman, un fils reste un fils. Ces imams de la grande mosquée de Ferké n’approuvent pas que le crépin soit posé sur leur fils et on ne sait jamais car bété, n’est pas sénoufo, l’ethnie dont provient Soro.

Les bétés sont d’ordinaires des grands solidaires et de gros parleurs, mais prendre des armes pour attaquer ou défendre des causes, cela ne fait partie de leur ADN, par contre les sénoufos, l’ont démontré qu’ils n’ont pas peur de la mort, la preuve, c’est Soro qui était devant la rébellion qui a permis au président Ouattara de prendre le pouvoir, sinon, avec la force de l’armée sous le président Gbagbo, ce n’était si évident, même si la France était postée en arrière plan. L’eau a coulé certes sous le pont, mais les ressortissants du nord ne sont pas dupes, qui considèrent cet acharnement comme une grosse injustice contre leur fils. Ainsi, malgré tout ce que le président et son équipe du nord feraient, Soro est un gros caillou dans leurs chaussures et vouloir procéder à son arrestation et le présenter comme un trophée de guerre, serait une provocation qui va attirer la vengeance.

Pour l’heure, la Côte d’Ivoire se trouve dans une atmosphère de paix, même fragile, il faut préserver cet acquis. Pour certains ressortissants du nord, si le président Gbagbo a été acquitté, pourquoi s’acharner sur Soro, je précise que beaucoup n’ont pas fait de grandes études pour comprendre ce que l’intellectuel comprend.

En plus, la Côte d’Ivoire est engagée sur la voie de plusieurs cérémonies grandioses, telle l’organisation de la CAN qui va débuter en janvier, est-ce opportun de remuer la ruche pour faire sortir les abeilles? Si la Côte d’Ivoire se veut un pays de paix et d’amour, il y a des situations peu importe leur gravité, peuvent rencontrer des oreilles attentives et en plus que font les guides religieux en pareilles circonstances?

                                     Joël ETTIEN 

               Directeur de publication: businessactuality.com